Romans pour ados

Le buzz de l’abeille / Isabelle Renaud / Glénat

Ce n’est pas chose aisée que de parler d’environnement. Parce que si on s’accorde tous à dire que la planète est dans un bien mauvais état, il est difficile de se situer dans de ce gros Gloubi-boulga verdâtre composé : de chiffres-qui-font-bien-flipper-mais-en-même-temps-il-y-a-de-quoi-flipper-et-oui-les-tirets-font-désormais-partie-de-ma-marque-de-fabrique, de changements climatiques qui impactent de plus en plus notre quotidien alors qu’il y a peu les bouleversements environnementaux c’était un truc un peu occasionnel qui faisait vibrer les rédactions des journaux télévisés (surtout le 26 décembre, hein maman ?) et à vrai dire on ne s’en souciait guère une fois que notre curiosité par essence malsaine était rassasiée, de politiques qui font des manières sur le sujet sans jamais parvenir à faire bouger les choses parce qu’il y a certainement d’autres enjeux (bonjour la COP 17,18,19,20, 21, toutes les précédentes, toutes celles à venir) et de petites injonctions à faire comme il faudrait qu’on fasse alors qu’on galère à faire comme il faudrait qu’on fasse.

Attendez, je reprends mon souffle.

C’est fait. C’est qu’il y a tant à dire sur le sujet et ce n’est pas facile de s’y retrouver dans tout ça. S’il existe une vérité universellement connue et partagée -la planète est en danger et ça craint pour nous et nos enfants- on peut légitiment être perdu(e). Pas dans nos convictions mais dans nos actes. Comment faire ? Comment faire plus ? Comment faire mieux ? Comment faire et ne pas culpabiliser de ne pas faire aussi bien qu’il ne faudrait ? Comment faire et ne pas se faire juger par les autres ? J’avoue que cela m’arrive de penser au regard d’autrui quand je dispose, dans le coffre de ma voiture, les deux packs d’eau que j’achète chaque semaine. J’ai envie de crier fort fort fort sur le parking du Casinou : « L’eau est TRÈS calcaire chez moi, c’est pour ça que j’achète de la Cristouloune ! Et oui, oui vous tous qui me regardez -oui, toi aussi petite dame âgée qui a l’air sympathique mais je me méfie des dames âgées qui ont l’air sympathique- oui j’ai essayé les filtres à charbon, les perles de céramique et même le Binchotan et ça ne fonctionne pas, okay ? ». Pfioouu ça soulage de le crier virtuellement, je vous le dis. Parce qu’en vérité, si vous avez suivi mon p’tit topo antérieur sur mon moi introverti, je garde tout cela dans ma tête et je range mes packs d’eau vite fait bien fait. Sérieusement, j’ai bien l’impression qu’en matière d’environnement, c’est comme pour tout autre sujet, on vit de manière manichéenne et on s’oppose les uns aux autres. Peut-être que ma réflexion est un raccourci qui laisse à désirer mais c’est mon impression, là maintenant. Je ne sais pas si j’ai tort ou si j’ai raison mais en tous cas, il y a un truc auquel je crois fortement pour éviter de se glapir dessus sans s’entendre, comme les starounettes de la télé-réalité : c’est la pédagogie. Parole de prof ! Apprendre, expliquer, donner la parole en écoutant, vraiment, et puis agir, après. Je ne suis pas persuadée que c’est ce que l’on fait actuellement.

C’est avec ma p’tite histoire personnelle et tous ces questionnements sans vraiment de réponses que j’ai entamé la lecture du roman d’Isabelle Renaud.

Agathe est une adolescente de la banlieue parisienne. Et Paris, c’est toute sa vie, à tel point qu’elle a créé une chaîne YouTube intitulée « Le buzz de Paris » qui relate toutes ses aventures d’adolescente attachée à sa chère capitale mais aussi à ceux qui font vivre cette capitale. On a là déjà une esquisse de la véritable personnalité d’Agathe car elle ne propose pas de vlogs dans lesquels elle se met en scène en se mettant du gloss de chez l’Oreoul mais des interviews du vendeur de barbes à papa du jardin du Luxembourg ou encore d’un capitaine de bateau-mouche et ça, c’est déjà faire preuve d’une certaine curiosité tournée vers ce qu’on appelle encore si naïvement… l’être humain. Néanmoins, malgré toutes ses qualités ô combien humanistes, Agathe ne peut s’empêcher d’invectiver ses parents lorsque ces derniers lui annoncent qu’ils vont déménager pour se lancer dans le maraîchage et l’apiculture bio à la campagne.

« C’est une blague ? »

Non. Et la voila propulsée au fin fond du Vercors alors qu’elle n’avait vraiment, mais vraiment rien demandé. C’est avec l’ironie qui la caractérise qu’ Agathe explique leur geste. « Je crois que mes parents ont inventé la crise d’adolescence pour masquer un problème nettement plus sérieux : la crise de la quarantaine. Et de rajouter : Du jour au lendemain, certains quadragénaires se mettent à vriller et remettent tout en question : leur boulot et leur vie, mais aussi leur manière de consommer, la société, le monde entier.« 

Il y a là de quoi se questionner derrière l’humour qui dissimule le mécontentement d’Agathe. Ce changement de vie, certains y pensent, d’autres sont passés à l’acte. Et même que ça n’a rien de criminel. Cela devient de moins en moins anecdotique. Cette « crise verte » intitulée ainsi dans le tout premier chapitre, ne serait-elle pas une sorte d’antiphrase pour caractériser l’interrogation évidente qui nous trotte dans la tête mais qu’on laisse de côté, par peur de ?

J’aime beaucoup le personnage d’Agathe et je m’y suis identifiée très facilement. Oui j’ai grandi dans un village moyen au nom certainement imprononçable pour ceux qui sont en dehors de ce territoire merveilleux et cloisonné qu’on nomme communément l’Alsace. Mais j’aime la ville d’un amour infini. Bon, d’accord je l’ai quittée pour habiter dans un village limitrophe mais ce n’était pas gagné. Quand on nous a proposé de visiter un appartement de caractère dans une vieille maison située dans ce village au nom d’ingrédient hyper gras et en plus mal orthographié, j’ai éructé non pas question jamais de la vie.

Le lendemain, j’ai signé.

Mais habiter à la campagne ou ce qui y ressemble pas très loin de la ville (je n’arrive pas encore à accepter), ce n’était pas dans mes projets de vie. J’aimerais énoncer ici -puisqu’il paraît que l’écriture possède des vertus thérapeutique- que j’ai une véritable phobie des vers de terre qui n’est en rien compatible avec la campagne. J’ai déjà lancé un livre à l’autre du bout de mon CDI parce qu’il y avait une photographie de lombric dans un livre qui, d’après moi, n’a été édité que pour me terroriser. Aucun blessé n’est à déplorer si ce n’est le livre, je tiens à le préciser. Et non, il n’existe pas de ver de terre mignon. N’essayez pas de me convaincre. J’admets qu’ils sont plus qu’utiles pour la planète mais moins je les vois, mieux je me porte. Cette phobie porte un nom : l’anthelmophobie. C’est marrant parce que quand on recherche le nom correspondant à ma phobie sur Gougoule, on tombe sur un article intitulé « Vers de peur » (oui, du journalisme coquinou de qualité comme on l’aime) qui, après avoir explicité la phobie en question, préconise fortement la chose suivante :  » N’allez pas à la campagne si leur vue vous effraie ». Je répète : n’allez pas à la campagne si leur vue vous effraie. Tout est dit. Merci le journal des femmes. Le journal des femmes ? Hum.

Pour cela mais aussi pour maintes autres raisons, je peux concevoir le ressenti d’Agathe. Alors bien sûr elle réagit comme une adolescente avec ses émotions décuplées ; elle pense qu’elle atterrira chez les ploucs et qu’elle va dépérir dans cette zone rurale sous-peuplée. Mais au fond, elle a peur. De quitter tout ce qu’elle connaît par cœur, de ne plus être enivrée de cette constante mais rassurante vie qui se meut, tout le temps, qui ne s’interrompt jamais. On réalise très vite que derrière le sarcasme, Agathe a peur car elle devient fragile. Tout le monde peut comprendre cela.

Malgré l’enjeu presque solennel qui se joue dans la vie de l’adolescente, on rit énormément quand on lit ce roman. Vraiment. Le personnage joliment décalé d’Agathe y fait beaucoup mais l’autrice sait, avec malice, manier les vérités universelles pour nous faire sourire. Dont celle communément admise : l’adolescent(e) ne peut vivre sans connexion. Comprenez : sans internet.

Quand un ado n’a pas accès à internet, il s’en contrefiche d’être piqué par une abeille ou que Godzilla en personne lui fasse coucou avec sa grosse patte verte et griffue par la fenêtre de sa chambre, l’ado veut internet. Il est en détresse.
Ou comment le tilleul peut t’aider à respirer et à avoir de la connexion 4G (ou 3G, l’ado n’est pas difficile).

Qui a dit que nature et technologie étaient pire ennemis ? J’aime le fait que ce ne soit pas le cas dans ce roman. Aucunement. Et, outre le p’tit poke induit par le passage ci-dessus, les ados ne passent pas pour des êtres aliénés et des êtres 3.0 enchaînés à leur smartphone. Et franchement, ça fait du bien de ne pas recevoir un discours moralisateur en pleine face ou entre les lignes. Ici, au contraire, la technologie aide. Elle est plus qu’un support. Elle est la clef. C’est presque inattendu tant on a l’habitude de penser en mode binaire. Et ça, c’est génial.

L’autrice sait donc interpeller le lecteur et lui faire oublier ses prérequis parfois faussés. J’ai appris des tas de trucs. Bien sûr, j’étais au courant, au moins dans les grandes lignes, que le métier d’agriculteur ne s’improvisait pas. Mais comme c’est un univers qui est très éloigné du mien, je n’ai pas cherché plus loin. Il faut bien sûr beaucoup travailler pour y accéder, recevoir l’héritage d’une ferme comme les parents d’Agathe ne suffit pas à faire de quelqu’un un agriculteur. On apprend que le père, qui entame une reconversion, a suivi une formation pour obtenir le BPREA qui signifie « Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole ». « Il faut VRAIMENT une formation pour devenir paysan« . Eh oui, Agathe.

Il y a aussi une vérité énoncée qui est loin d’être idyllique. Les agriculteurs subissent directement les dommages du changement climatique. Ils endurent une réalité qui est globalement difficile. Isabelle Reynaud a su dépasser le simple imbroglio de départ pour nous offrir une indispensable réflexion sur les conditions de vie des agriculteurs, les difficultés rencontrées pour subvenir à leurs besoins, face aux « grands », par rapport aux marges des distributeurs et aux clients, également.

Parallèlement, nous prenons connaissance d’enjeux politiques qui dépassent largement le cadre du petit village du Vercors. Il y a tant de récupération politique avec des enjeux financiers qui vont au-delà de toutes les convictions écologiques. Cette dimension est très bien dépeinte dans le roman. Une intrigue est construire autour de cette problématique et, outre son aspect fictif évident, on imagine bien qu’elle peut être effective dans ce qu’on appelle vulgairement la vraie vie. Ce n’était pas évident d’en parler. Isabelle Renaut le fait très intelligemment.

Il faut ajouter à cela d’autres éclaircissements sur ce que la nature offre, la manière dont elle s’organise. La faune et la flore s’offrent joliment à nous dans ce roman et c’est tant mieux parce que vous savez quoi ? J’ai beau défendre les apports curatifs du goudron-mon-ami, je me suis surprise à m’émerveiller, comme Agathe, de ce que la nature pouvait offrir de plus pur et parfois même de plus surprenant. Ce n’est pas forcément ce que l’on observe en premier lieu. J’aime bien l’idée qu’il faille observer de près, se baisser parfois, pour toucher à ce qu’il y a de plus beau (tant que ce n’est pas un ver de terre. Il ne faut pas non plus pousser mémé dans les orties). Si, en plus, vous ajoutez à cette évidence l’importance de la transmission, alors vous êtes définitivement conquis.

Bon parfois, la nature peut nous dévoiler ce qu’elle a de plus surprenant aussi comme une grosse bourrine et pas forcément avec autant de délicatesse. J’ai en tête la nuée de hannetons qui déferlait chaque soir à 21h02 et pas une minutes après, chez la mère d’un ami, en Alsace, toujours. Une trentaine de hannetons tels des soldats avant une importante offensive militaire. 21h01 ? Garde-à-vous ! 21h02 ! En avant vol, les gars !

La nature est riche et belle, on ne peut le nier à la lecture de ce roman et sincèrement, lorsque la maman d’Agathe vit ses pires moments d’apicultrice, c’est comme si votre propre monde s’écroulait. Paf. Touchés en plein cœur. C’est que l’autrice nous a bien sensibilisés en plus de nous offrir un personnage attachant car passionnant, passionné.

La nature est riche et belle et ça vaut le coup de parcourir des kilomètres en vélo pour se faire un cinéma ou rejoindre une gare. Ça vaut le coup de rencontrer des personnes différentes de notre univers si confortable car peut-être qu’en bonus ou bien en récompense, vous aurez la chance, comme Agathe, de vivre une délicate histoire d’amour. Faite de spontanéité, sans aucun détour. « Et si on s’embrassait ? Je veux dire… Juste comme ça, en attendant ! Pour passer le temps !« 

J’ai passé un excellent moment de lecture et de lectrice avec « le buzz de l’abeille ». C’est un roman particulier car engagé, à l’image de la collection toute nouvelle toute belle proposée par les éditions Glénat, en collaboration avec le mouvement #Onestprêt qui a pour ambition de sensibiliser sur les enjeux environnementaux. Grâce à la culture, notamment. Comme quoi, la culture est plus que jamais essentielle.

Et n’oubliez pas, comme le dit si bien Mélanie, « LES TESPICIDES PUENT ! »

Bandes dessinées / Mangas, Coups de cœur

L’année où je suis devenue ado / Nora Dåsnes / Casterman

Je ne sais pas vous, mais plus on grandit plus on a tendance à rayer de notre esprit les états incroyables dans lesquels nous nous mettions lorsque nous étions jeunes, vraiment jeunes. Peut-être que vous l’êtes encore, vous ? Ou peut-être que vous n’avez pas oublié ces situations si particulières. Quand nous nous embrouillions avec nos amis et que cela engendrait des histoires qui nous dépassaient par leur immensité romanesque. Quand nous avions un crush sur un garçon/une fille, que nous ne dormions pas huit jours avant le jour J, celui du rendez-vous, celui du cinéma et de la main certainement moite qui effleurera sans doute la nôtre. Quand nous vivions des moments gênants ou de grands malheurs et que nous n’attendions qu’une seule chose : dormir et éventuellement mourir (mais en musique avec la musique la plus triste de toutes les musiques tristes. Je suis certaine que vous voyez exactement ce que je veux signifier par là).

Vous avez oublié tout ça, vous ? Ça peut arriver et ce n’est pas grave. Après tout, ce n’est que la faute de la vie pas-cool-parce-que-la-plupart-du-temps-elle-est-loin-d-être-magique-d-ailleurs-j-ai-du-linge-à-étendre. Mais ce serait chouette si on pouvait y repenser. Ou le vivre. Ça peut arriver. Tout est possible. Comme lorsque vous retombez amoureuse, à 31 ans, après avoir mis un mec dans votre caddie à gauche de votre écran d’ordinateur après que lui-même vous ait jeté un sort avec une baguette magique virtuelle. J’y reviendrai peut-être un jour, sur ce truc dingue mais dingue qui te bouscule à tel point que tu oublies que tu n’as pas étendu tes fringues depuis deux jours.

Tout cela pour vous dire que cela se produit, encore, de ressentir tout ce bordel d’émotions. Ou alors, à défaut de le vivre, un livre -oui, un simple livre- peut vous ramener à ça, à ce qui vous faisait vous sentir si vivant que vous aviez peur d’en décéder. Hé hé. C’est un peu ce qui m’est arrivée avec ce joli roman graphique. C’est comme s’il m’avait pris par les épaules, me les avait secouées et m’avait crié à l’oreille : « eh oh t’as oublié, ou quoi ? » Il faut bien évidemment que je fasse ici une mise au point : bien sûr, je réalise toujours avec émotion, en ouvrant les yeux le matin, que je me réveille avec l’être aimé. Et c’est toujours aussi bien ! Simplement, je ne sors plus du lit en mode ninja pour me brosser les dents en mode ninja-qui-se-brosse-les-dents-oui-j-aime-un-peu-trop-les-tirets, pour ensuite revenir me blottir contre cet être aimé l’air de rien. Quoique, c’est peut-être ce qu’il y a de plus beau dans l’amour : le fait qu’après plusieurs années passées ensemble, même avec votre vieux t-shirt de Motörhead et votre haleine qui laisse à désirer, celui qui est à côté de vous vous aime de manière aussi évidente qu’au premier jour, et vice-versa. Rien ne changera ça, pas même du colgoute spécial dents blanches au charbon. Quoi, je m’égare? Encore ! Pas possible !

Lorsqu’on a ce roman graphique en main, on ne s’attend pas vraiment à lire ce qu’on va lire. Enfin, pas tout à fait. La couverture est très chouette mais on la regarde différemment une fois le récit terminé. Elle n’est plus chouette. Elle est évidente. Elle raisonne alors avec tout, tout ce que vous avez lu, tout ce que vous avez vu, au long des quelques 200 pages.

Tout est différent, après. On ne voit plus de la même façon la forêt, la musique qui s’échappe du casque, les regards en arrière-plan, les mains dans les poches.

Ce roman graphique de Nora Dåsnes est traduit du Norvégien mais, très honnêtement, l’histoire pourrait se jouer n’importe où. Elle est universelle. Il n’y a qu’à moi que cela ait quelque peu posé problème car il a fallu que je recherche le caractère spécial å pour écrire le nom de l’autrice. J’ai appris, d’ailleurs, grâce à notre cher Wikipédiou, que la lettre å constitue aussi un mot à part entière, en danois, suédois et norvégien et qu’il signifie ruisseau ou rivière. C’est joli, je trouve, non ? Cette image s’accorde bien avec ce récit dans lequel la nature occupe une place importante. C’est une belle analogie que nous tenons là.

Je crois qu’il n’y a pas besoin de commentaire. Ou peut-être que si. Cette cabane. Cette petite fille qui s’en va écrire dans son journal en une douce fin d’été. Cette illustration montre peut-être exactement ce à quoi pourrait ressembler une petite fille avant qu’elle ne connaisse les tourments propres à l’apprentissage de la vie, lorsque l’on devient adolescent.

Au tout début de ce roman graphique, on apprend qu’Emma a passé un été tranquille, apaisant. Un été simple, qui lui ressemble. On imagine -puisqu’on apprend à la découvrir à travers son journal intime- qu’elle a joué de la clarinette et qu’elle s’est gavée de bonbons acides à la fraise. Qu’elle a dessiné dans son carnet, bien sûr. Ce qui est certain, c’est qu’elle a profité de bons moments avec son père -le meilleur père au monde de toutes les histoires des pères fictifs, je vous le dis- jusqu’au dernier jour, celui qui marque la fin de l’été parce qu’ils savourent tous deux les dernières glaces du congélateur. C’est doux, comme ambiance. C’est chaleureux et reposant, comme une belle et longue journée d’été. Rien ne présage que ce sera différent désormais. Parce qu’il y a bien encore deux mondes séparés pour Emma : celui du collège qui est un monde fermé, ennuyeux, marqué par les obligations, et celui de la forêt, qui renferme une cabane (ou plutôt une base), des combats de bâtons et un joli sentiment de liberté.

Regardez, il y a un petit ruisseau derrière. Un petit å.

Sauf que ! C’est la rentrée en cinquième et tout change. Tout ce monde qu’elle s’était construit, fait de poursuites dans la forêt et de grandes discussions avec Bao et Linnéa, ses deux copines de toujours, s’écroule. Disons plutôt qu’il s’effrite, petit à petit. À cause de quoi ? De l’amour évidemment ! Quel fourbe, celui-là.

L’amour, c’est trop débile ! Car Linnéa tombe amoureuse et fait vaciller le trio gagnant. Cela peut nous faire sourire, nous les adultes, mais tout se passe exactement comme cela quand on grandit. L’amitié est mise à rude épreuve et la façon dont on peut réceptionner cette fragilité nouvelle peut être vécue de manière très intense.

L’histoire qui se joue dans ce roman graphique pourrait être celle de toute jeune fille d’une douzaine d’années qui se situe à ce moment exact de sa vie où elle n’est plus une enfant mais pas encore une adolescente. Ce n’est pas le moment le plus confortable d’une existence parce qu’il y a toutes ces questions existentielles qui taraudent celui ou celle qui les vit. C’est ça : il y a peu, dans la tête d’Emma, elles n’existaient même pas, ces questions. Tout était beaucoup plus simple. Aussi simple que de déguster les lasagnes du meilleur papa de tous les papas fictifs, un samedi soir, sur le canapé. Désormais, elle n’arrête pas de penser à cette histoire de maturité. Qu’elle soit une fille-qui-a-des-histoires-d’amour ou une fille-qui-n-a-JAMAIS-d’histoire-d’amour (je suis ici obligée d’insérer une parenthèse chère à mon coeur pour vous dire à quel point je suis heureuse de voir qu’il y a aussi des autrices qui utilisent des tirets chers à mon coeur pour appuyer des expressions).

Ce que j’aime particulièrement, dans ce roman graphique, c’est la vérité justement retranscrite, que ce soit avec les images ou avec les mots. Parce que, clairement, il n’y a aucune facilité ni chemin tout tracé dans la vie. Vraiment, vraiment pas de chemin tout tracé. Encore moins en amour. Malgré tout ce qu’on a pu assimiler en la matière, depuis l’enfance. Je veux parler de cette image normée de l’amour. Rien n’est pas facile, surtout si les sentiments ne s’accordent pas avec les représentations longtemps imprégnées en nous.

Et puis Emma réalise elle aussi qu’elle est amoureuse – après bien des questionnements. Ben oui, comment on sait si on est amoureuse ? Linnéa lui apporte des pistes de réflexion : On le sait, c’est tout on le sent dans le ventre et puis on pense tout le temps à la personne et on trouve que c’est lui le PLUS BG de tout le collège !! et puis on devient un peu parano on le stalke sur Snapchat et tout. Oui, être amoureux, ça ressemble à ça mais chacun peut adapter cette version à sa propre vie – et à son âge, parole de presque quarantenaire (Oui ? Ben oui). C’est génial d’être amoureuse, c’est ce qu’Emma attendait pour être enfin cette fille mature, pour être comme les grands, les adolescents, les adultes. Et puis, c’est si chouette de se sentir amoureux. C’est comme être pleine de soda à l’intérieur. Comme se réveiller un matin de Noël.

Néanmoins, cela fait peur à Emma. Pourquoi ? On revient à cette fameuse image normée de l’amour qui est sensée coller à nos sentiments. Elle ne colle clairement pas avec ceux de la jeune fille. Emma est amoureuse de Mariam. Cela est compliqué à gérer, pour elle. Parce qu’il y a cette adrénaline que l’amour déclenche et qui est génialement flippante -cette peur est plutôt sympa et facile à apprivoiser- mais il y a aussi cette angoisse viscérale du regard des autres et celle-ci n’est pas celle qui te pousse à gravir mille Everest alors que tu n’as jamais fait une rando de ta vie. Elle est davantage du genre à te figer sur place, comme si tu ne faisais qu’une entité mi-homme mi-goudron avec le sol. Alors imaginez si l’on rajoute quelques complications amicales voire quelques trahisons…

Heureusement, il existe des personnes, que dis-je des piliers. Qui, quoi qu’il vous arrive dans votre vie, sont là. Juste là. Vous voyez où je veux en venir ? Vers qui ? Mais oui, vers ce père, le meilleur père de l’histoire des pères fictifs. Non seulement il fait les meilleures lasagnes du monde mais il fait partie de ce genre de specimen peut-être devenu trop rare qui écoute puis qui énonce simplement les mots qu’il faut. Les mots parfaits.

Le personnage du père est l’un des mes personnages préférés de ce roman graphique, vous l’aurez compris. Je crois que je suis tombée un peu amoureuse (pardon, mon amour mais ce n’est qu’un crush romanesquement fictif). D’autant plus qu’il a de très très bons goûts musicaux.

Est-ce que ça se fait de demander à Emma si je peux épouser son papa ? Mon amour, tu sais peut-être ce qu’il reste à faire…

Nous ne connaissons pas l’histoire d’Emma et de son papa. Pourquoi vivent-ils seuls ? Emma en souffre-t-elle ? Ne sont relatés que des moments d’une justesse infinie. Que ce soit des discussions à cœur ouvert ou des interrogations drôles mais existentielles sur la façon la plus propice de réagir quand on est père d’une fille qui devient ado. Il y a tant de tendresse dans ce récit. Elle est à son apogée avec la scène démontrée ci-dessus mais elle se ressent tout au long de la lecture. Jusqu’à la fin qui est sublime. Les dix dernières pages sont d’une beauté indéniable. A l’image de tout le roman. Mais alors, la fin. Il est difficile de s’en remettre. Âmes sensibles, ne surtout pas s’abstenir !

Ce roman graphique est à mettre entre toutes les mains. Que vous soyez préado, ado ou adulte. Pour maintes raisons. Pour accompagner les sentiments terrorisants et parfois contradictoires que vous ressentez. Pour comprendre les autres et les regarder différemment, au-delà des apparences et surtout des normes. Pour se souvenir et se rappeler que tout ce remue-ménage d’émotions, c’est ce qui nous rend vivants. Alors, n’oublions pas et vivons. Vraiment !

Pensées livresques

L’amour, l’amour, l’amour

J’adore cette chanson de Mouloudji reprise par le groupe Bon Entendeur. Mais oui, elle vous dit quelque chose, forcément ! S’il vous arrive de regarder (encore) la télévision, vous avez sûrement en tête cette publicité pour cette chaîne de supermarché qui commence par un I et qui finit par un é. Je l’avoue, j’ai visionné la vidéo avant d’écrire l’article et j’ai pleuré. Oui, je pleure devant les pubs mais je pleure surtout quand c’est beau. Et c’est une jolie fiction, si on ne s’attarde pas sur le côté commercial de la chose.

C’est bien une fiction, cependant. J’ai longtemps été hôtesse de caisse durant mes années d’étude et je n’ai jamais été convoitée par un client qui, par amour, achèterait des légumes au lieu de pizzas surgelées. J’ai plus souvent eu affaire à des gens ingrats comme par exemple – je crois que c’est le pire – à ces personnes qui collectionnent les bons de réduction et qui te les déposent sur chaque article en te disant « vous avez vu, j’ai mis un bon de réduction sur le papier toilette et sur ça et sur ça » et qui ne te regardent même pas. Sans doute que j’exagère quelque peu : un jour de canicule, une dame âgée m’a offert une tablette de chocolat parce que j’étais blanche comme un cachet d’aspirine. C’est ma marque de fabrique d’être blanche comme un cachet d’aspirine mais ça, elle ne le savait pas. Elle pensait que je manquais de magnésium. J’ai aimé son geste, c’était touchant. La preuve, je m’en souviens. J’aurais clairement pu être l’héroïne d’une publicité. À bon entendeur.

Bref, je m’égare. Vous verrez, c’est dans mes habitudes.

Aujourd’hui, c’est la Saint-Valentin et j’aime parler d’amour, alors j’en profite. Et j’ai cette fameuse chanson en tête qui parle d’amour si justement et qui, en plus, me rappelle le mariage de ma meilleure amie :

L’amour
C’est un printemps craintif
Une lumière attendrie
Ou souvent une ruine

L’amour, l’amour
C’est le poivre du temps
Une rafale de vent
Une feuillée de Lune

C’est beau tout de même, non ? J’aime bien m’attarder sur les paroles des chansons. J’aime bien la poésie. J’aime bien l’amour.

C’est la Saint-Valentin. Je dis souvent que je n’aime pas particulièrement cette fête. Je ne sais pas pourquoi. Je ne serais pas honnête si je vous disais que c’est parce que c’est commercial parce que j’adore Noël, par exemple. Je vis Noël à 200% et pour cela, je compte rarement à tel point que j’ai le statut de « Mme Pigeon » à Noël (coucou ma banquière !). Non, je pense que ça me gêne parce que je me rappelle les Saint-Valentin passées seule alors que tout dégouline d’amour ce jour-là. Ce n’est pas cool pour ceux qui sont seuls et qui souffrent de la solitude.

Mais mais mais. On peut parler d’amour, tout simplement. Sans obligation d’achat ! Juste parce que c’est bien trop chouette. Et la littérature de jeunesse regorge de romans d’amour comme on les aime. Il y a les grands classiques qui émeuvent à tous les coups, ceux qui sont plus confidentiels, ceux qui n’amènent pas forcément là où ça semble évident. Je vais essayer de vous parler au mieux de ceux qui m’ont particulièrement marquée. Voici mon top 3 des romans d’amour pour ados (et pour les plus grands, bien évidemment).

Le classique qui fonctionne toujours mais en même temps y a des raisons

Nos étoiles contraires / John Green / Pocket Jeunesse

Certains vont dire : ah non, pas encore. Mais j’ai envie de répondre : mais si, bien sûr que si !

Si on a cette réaction, c’est parce que ce roman a eu tellement de succès qu’après sa parution, il y a eu des tonnes de livres qui mettent en scène des histoires d’amour avec la maladie en fil rouge. Mais celui-ci, c’est THE livre. Celui qui vous prend aux tripes. J’ai tant pleuré en le lisant et j’ai tant pleuré en visionnant le film avec ma fille, il y a quelques semaines. Je pleurais mais en même temps je me disais « non, arrête de pleurer, tu sais comment ça va finir, tu vas avoir mal à la tête pendant des plombes et tu vas le regretter » (les maux de tête, c’est l’histoire de ma vie, mais le drame dans tout ça c’est qu’ils ne vont pas du tout de pair avec mon hypersensibilité). Je vous le dis texto : j’ai pleuré quand même. Et j’ai passé la nuit avec un gant de toilette mouillé sur mon front.

Y a un truc vieux comme le monde qui fonctionne à coup sûr : c’est de jouer avec les émotions. John Green, c’est un génie sur ce point. Il m’a tuée. John Green m’a tuer (si vous avez la référence, c’est que vous avez passé une certaine tranche d’âge, comme moi, c’est cadeau).

Le topo du roman est simple :

Petite capture de Babelio, à l’ancienne

Les histoires d’amour tragiques, ce n’est pas nouveau. Mais le plus de ce roman, c’est l’originalité. Les personnages sont des ados lambdas mais l’auteur en fait des sortes de super-héros du quotidien. Leur pouvoir magique, c’est leur sensibilité. Et ça donne des trucs chouettes. Les dialogues sont des pépites de beauté. Je ne le cache pas, il y a pas mal de phrases un peu mièvres mais je suis bon public pour ça et John Green rend tout ce qui mièvre très juste et magnifique. Comme lorsque Hazel, l’héroïne, parle d’éternité. Et d’infini.

Comme je ne peux pas parler de notre histoire d’amour, je vais parler de maths. Je ne suis pas très forte en maths, mais je sais une chose : il existe des nombres infinis entre 0 et 1. Il y a par exemple : 0,1 et 0,12 et 0,112 et toute une ribambelle d’autres nombres infinis. Evidemment, l’ensemble de nombres infinis compris entre 0 et 2 ou 0 et 1 000 000 est beaucoup plus important que celui compris entre 0 et 1. Certains infinis sont plus vastes que d’autres, nous a appris un écrivain qu’on aimait bien, Augustus et moi. Il y a des jours, beaucoup de jours, où j’enrage d’avoir un ensemble de nombres infinis aussi réduit. Je voudrais plus de nombres que je n’ai de chance d’en avoir, et pour Augustus Waters, j’aurais voulu tellement plus de nombres qu’il n’en a eus.

Et là, il y a cette phrase qui achèvera tous ceux qui ont déjà lu le livre ou vu le film

Mais, Gus, mon amour, je ne te dirai jamais assez combien je te suis reconnaissante de notre petite infinité.

Excusez-moi, je fais une pause pour me moucher.

Bon, vous l’avez compris, « Nos étoiles contraires », c’est un roman d’amour tragique, qui fait pleurer et dont on a du mal à s’en remettre. Il parle d’un amour évident, tellement évident qu’il n’a pas besoin d’être clinquant. J’aime beaucoup une des phrases d’Hazel :

Je suis tombée amoureuse pendant qu’il lisait, comme on s’endort : d’abord doucement et puis tout d’un coup.

Voilà. Et puis, il y a aussi Amsterdam. Le meilleur ami barré mais attendrissant. Un vieil écrivain aigri qui cache des blessures anciennes. Des rêves déchus. Et le fait que les personnages s’appellent par leur prénom et leur nom de famille. J’adore. Sérieusement. Il n’y a que les américains qui font ça, j’ai l’impression. Dans les romans, les films, les séries. Alors quand Augustus s’adresse à Hazel en l’appelant « Hazel Grace Lancaster », ça claque. Étonnement ça le fait moins avec nos propres noms et prénoms. Essayez, vous verrez.

Ce roman, il aborde également la maladie sans détour. Parce que la maladie, ce n’est pas glamour, hein. Y en assez que ce soit tabou. Il faut en parler. John Green ne fait pas non plus d’Hazel et d’Augustus des personnages super courageux. Parce que la vérité c’est que quand on est malade, on souffre. Il n’existe pas de version édulcorée du cancer. Ici, rien n’est occulté et c’est tant mieux parce que c’est vrai.

Nos étoiles contraires. À lire. À relire. À aimer. À détester. Mais on ne peut pas, on ne doit pas passer à côté !

Celui qui te bouscule le plus et même que tu ne t’y attends pas

Tous nos jours parfaits / Jennifer Niven / Gallimard Jeunesse

Mais oui, ce roman fait partie de ceux qui te marquent parce qu’ils te ramènent à toi-même, à tes failles. Tu n’avais franchement pas demandé ça, quand tu l’as acheté ou emprunté mais une fois que tu le lis, ce livre, tu n’as pas le choix, tu es confronté à ce que tu as vécu, de près ou de loin, et tu fais avec. Je dirais même plus : tu réalises que tu avais besoin de ce roman dans ta vie. Et personnellement, je l’ai lu pile au bon moment, quand j’étais enfin en paix avec ma petite personne. Je vous le donne en mille : c’était pas gagné !

Dans ce roman, il est également question de la maladie. Mais de la maladie mentale. Et ça, c’est clairement tabou. Il aborde aussi les thèmes du deuil et de la reconstruction. Toutes ces questions qu’il semble nécessaire d’aborder mais qui n’ont rien de glamour et qui n’ont rien à voir, à priori, avec l’amour. Sauf que si. On peut être malade et aimer. On peut être en souffrance et aimer. C’est dit.

La capture de Babelio, le retour

J’aurais tant à dire de ce roman. Il m’a bouleversée. Pour avoir vécu la dépression de longues années, je peux vous dire à quel point il sonne juste. Et pour tout vous dire, c’est un peu l’amour qui m’a sauvée (et les marches avec ma maman, ou comment marcher 10 minutes dans la rue de ton enfance est un exploit que tu es fière d’accomplir). Il faut vraiment réapprendre à vivre, comme cela est dit plus haut. C’est difficile de le faire seul(e). Et puis le but quand tu te réveilles et que tu réalises que la noirceur est encore en toi, c’est de vivre, juste une fois, un jour parfait. Ce n’est pas grand-chose mais c’est un grand tout, en même temps. Mais qu’est-ce qu’un jour parfait ?

Extrait du roman – Ne vous inquiétez pas si vous voyez flou, c’est normal

C’est beau de les voir s’aimer, ces deux-là. Ces écorchés de la vie. Ce n’est pas linéaire, ah ça non. La maladie reprend parfois le dessus, les épreuves s’acharnent sur eux, ils ne vont pas changer de statut non plus aux yeux des autres. Mais ils vont essayer. On ne peut qu’assister à cet essai avec beaucoup de reconnaissance. C’est pur. C’est juste. Ce sont deux humains qui ressentent des choses humaines. C’est important de le signaler.

Oui, une personne. Un être humain. Qui doit composer avec lui-même. Et avec ses sentiments.

Franchement, ce roman vaut la peine d’être lu. Il ne va pas révolutionner la littérature de jeunesse mais il va vous émouvoir et peut-être même vous toucher en plein cœur. En cela, il va faire plus que vous divertir. C’est déjà beaucoup !

Le carrément indispensable tellement il est beau et poétique

Songe à la douceur / Clémentine Beauvais / Sarbacane

Je n’ai pas trouvé l’image dans de plus grandes dimensions mais clairement elle mériterait d’être affichée en grand sur toute la page. Ça existe du 2568 x 56568 ?

J’aime tellement Clémentine Beauvais. Je l’ai rencontrée un jour dans un salon du livre et je lui ai dit que j’adorais ce qu’elle faisait. Ce genre de moment gênant durant lequel tu as envie de dire des tas de trucs touchants et intelligents mais il ne sort de ta bouche qu’une phrase banale et pathétique. Je l’ai vue et je lui ai juste dit ça. Mais venant de moi, c’était déjà pas mal. Elle ressemble à un ange, Clémentine Beauvais. Elle est douce et toute simple. En même temps, elle est impressionnante parce qu’elle est douce et simple et infiniment brillante mais de cette intelligence faite de modestie.

Ce récit, je l’aime à la folie. Il est destiné aux grands ados et aux adultes. Il est d’ailleurs édité dans une collection adulte, chez Points. Je l’aime parce que l’histoire d’amour est une vraie romance. Pas au sens péjoratif du terme. Non. C’est une romance parfaite parce qu’il y a de la poésie et de la musicalité dans cette histoire. Jusque dans l’écriture, qui est en vers libres. C’est parfait. Magnifique. Fin. Drôle parfois. Bouleversant souvent. Pudique.

Présentation de l’éditeur – c’est encore un peu flou, on ne m’en voudra pas

Rien que de relire le résumé, j’en ai des frissons. Je repense à l’authenticité de ce récit. Le fait qu’il se déroule sur plusieurs années l’explique sans doute. Oui, on change, on évolue, on fait avec ce que la vie nous donne et parfois, c’est compliqué. Mais j’aime l’idée que l’on peut se recroiser, se revoir, s’aimer à nouveau ou du moins tenter, comme s’il y avait un truc qui nous était prédestiné. Parfois, il y a des signes qui nous hèlent et nous surprennent. Il faut en faire une histoire. Et quelle histoire !

Il faut. Il faut. Il faut. Le lire.

Mon top 3 des romans d’amour pour ados s’achève ici. Bien sûr, il y en a des tas d’autres. Mais je suis attachée à ceux-là parce que, encore une fois, la littérature est liée à ma vie et qu’ils me touchent, sincèrement. Tous d’une manière différente mais ils ont cette faculté évidente à m’animer – ou à me réanimer ! Je suis certaine que vous aussi, vous avez un roman d’amour qui colle à votre vie et qui vous attend quelque part. Cherchez bien !