Romans pour préados

Miss Crampon / Claire Castillon / Flammarion

Ou comment écrire une chronique désordonnée en parlant d’emblée de la fin du récit. Je m’excuse pour le spoil mais je ne suis pas toujours au clair dans ma tête. Il semblerait que ce soit ma marque de fabrique, par conséquent je m’excuse d’être si imparfaitement moi-même et d’introduire si imparfaitement ma chronique chaotique.

Miss Crampon. N’est pas Miss Crampon qui veut. Mais tout le monde peut être Miss Crampon. Même les jeunes filles qui ont des appareils auditifs, se sentent insignifiantes et donc, manquent de confiance en elles. Même Suzine, l’héroïne de cette histoire.

Bon ok, Miss Crampon ce n’est pas la consécration ni même un but en soi mais il n’empêche, remporter cette élection organisée par le club de foot local est un moyen de prouver, devant témoins et devant témoins qui ont bien, bien égratigné la confiance de Suzine, que c’est possible. De gagner et, en plus, d’en être fière. Ce n’était pas évident pour la jeune fille, vous l’avez compris, mais Suzine l’a fait. Il suffit parfois d’un déclic intelligemment provoqué par quelqu’un. Ici, c’est le beau-papa qui s’en charge merveilleusement. C’est génial ça, non ? Forcément, ça me touche personnellement, moi qui possède une famille gaiement recomposée. On oublie trop souvent les rôles que peuvent délicatement et joliment jouer les belles-mamans et les beaux-papas dans la vie d’un enfant. Bien souvent, par exemple, qui dit belle-maman dit belle-doche, dit marâtre, dit un truc très moche qui serait un mix entre Lady Tremaine de Cendrillon et Folcoche de Vipère au Poing (même si dans le roman autobiographique d’Hervé Bazin il s’agit de la figure maternelle et je ne voudrais pas vous embrouiller mais vraiment, je ne peux imaginer pire figure maternelle que celle de Folcoche, j’en ai encore des frissons d’angoisse tant j’ai été traumatisée par ce personnage, c’est d’ailleurs pour ça que je cache ce livre dans ma bibliothèque comme si c’était le livre monstrueux des monstres dans Harry Potter et qu’en ce sens, Folcoche était prête à tout instant à me fusiller du regard et à m’invectiver, ceci à tel point que je me sentirais obligée de prononcer cette phrase dite par le narrateur et l’écrivain lui-même « nous allons mieux depuis qu’elle étouffe »). Pardonnez-moi pour la longueur et la lourdeur de ma phrase entre parenthèses mais elle est à l’image de mon traumatisme qu’à priori, je n’ai toujours pas réglé. De toute évidence, il a fallu que je le décrive ici pour l’accepter.

Bref, les beaux-parents ne jouent pas souvent un rôle positif dans les récits, si tant est qu’ils y existent. Pourtant, ils peuvent faire des miracles. Comme Viviant, le beau-père de Suzine, qui l’encourage avant son passage sur scène, cheveux attachés et appareils auditifs visibles :

Là, excusez-moi mais il faut que je pleure toutes les larmes de mon cœur/de mon corps, un peu comme lorsque j’ai entendu la chanson « beau-papa » de Vianney tout à fait par hasard à la radio, pendant que je conduisais. Est-ce que j’ai dû m’arrêter sur le bord d’une départementale de Haute-Saône ? Tout à fait ! Est-ce que j’ai dû avouer que Vianney m’avait émue, moi qui écoute tout sauf Vianney ? Oh yeah.
Si c’est flou, c’est pour vous représenter les mots que j’aperçois avec mes yeux embués.
Coucou la mauvaise foi 🙂

« Je suis la plus belle fille du monde ». Elle va le dire, Suzine. Elle va même le crier. A tel point que sa maman accourt en pensant qu’elle est à nouveau sourde.

Parce que oui, Suzine souffre d’un handicap qui touche son ouïe, un « petit problème » dont on ne comprend véritablement la teneur et l’enjeu qu’à la toute fin du récit. Un « petit problème » survenu à la suite d’un « accident » survenu dans l’enfance. Un « petit problème » qui a forcément un impact sur sa vie sociale qui, disons-le franchement, n’est déjà pas nourrie de relations saines et authentiques. Ses deux « meilleures amies » (il y a beaucoup de guillemets dans ce paragraphe, ceux-ci vous invitent à faire travailler votre sens de la déduction, pardon, mais au moins, vous n’avez pas à me subir moi, mimant les guillemets avec mes doigts, chose qui est insupportable, on est d’accord ?) sont odieuses, intéressées, toxiques et pourraient facilement obtenir la médaille d’or des harceleuses. A force d’entendre des crasses non-stop comme « sale menteuse », « tu me le paieras », « tu as toujours été jalouse de moi », « lundi ça va être ta teuf » et, le pire du pire, « je vais te pourrir », Suzine se renferme sur elle-même, ajoutant à sa surdité, un mutisme qu’elle actionne en mode automatique lorsque cela devient trop violent. Elle « se chut ». Y compris lorsqu’elle ne peut gérer un trop plein d’émotions et d’informations au sein de sa famille certes aimante, mais bien bordélique. Quant aux garçons, c’est encore autre chose. A-t-on besoin, à tous prix, de tomber amoureuse ? Quelqu’un peut-il le décider pour vous ? Non, non et non. Tout est trop. Et trop, c’est trop. Suzine « se chut » souvent et se coupe du monde, les cheveux planqués sur les oreilles.

J’aime beaucoup ce roman qui aborde des questions essentielles. Et derrière le récit parfois poussé à son paroxysme en matière de quiproquos et situations insolites – personnellement j’adore le séjour au ski WTF qui dure une bonne partie du récit mais je pense que certains le trouveront long et exagéré- il remue pas mal tout autant qu’il questionne. On réalise que Suzine est obligée d’adopter des comportements qui sont contraires à ce qu’elle est réellement, tout cela pour plaire aux autres. D’où les mensonges en floppée et les retours de bâton reçus comme des coups de poignard en plein cœur. Personne ne mérite cela. Personne ne devrait avoir à changer ou à se planquer. C’est facile à dire, hein ? Oh que oui et cela arrive plus fréquemment qu’on ne le pense. En amitié, en amour, tout le temps. On fait comme Suzine qui déclare : « j’ai appris à devenir l’incarnation exacte de ce que les gens attendent de moi ».

Ça, c’est la facilité, et c’est tellement rassurant d’y céder. Mais quand enfin, on est aimé pour ce que l’on est réellement, alors on peut commencer à vivre, vraiment. Retenez cette phrase comme une citation mi-niaise mi-véridique à ressortir en story instagram avec un cœur en gif (Mea culpa, c’est ce que je fais déjà). Je ne peux pas m’en empêcher. C’est tellement gratifiant d’être aimée et appréciée alors même qu’on est introvertie-bizarroïde-à-tendance-folfdingos-qui-cache-bien-son-jeu. Il fallait être patient, faire les bonnes rencontres. Il n’est jamais trop tard, même à 25 ans (+12).

Chaque lecteur trouvera un intérêt à lire ce récit qui, en plus de faire travailler les méninges (bon ça, c’est faux en vrai, on ne fait pas travailler les méninges parce que les méninges n’ont aucun rôle dans les fonctions mentales, j’ai bossé le sujet quand j’ai voulu me reconvertir en l’orthophoniste que finalement je ne serai jamais), fait joliment rire. Mention spéciale au séjour au ski et à Camille, la belle-mère qui joue sa vie aux soirées karaoké malgré la fièvre, qui foule la neige en talons hauts et mini-jupe, qui organise des virées parfaitement organisées et responsables en apparence, qui souffre du cliché de la belle-mère extrêmement jeune, superficielle mais qui est si drôle, si authentique qu’elle s’en contrefiche du qu’en dira-t-on. En plus, elle écoute, véritablement. Camille est l’objet de toutes les attentions mais l’attention, elle en offre beaucoup en retour. Prix d’honneur également à l’humour de Suzine. L’auto-dérision est bien une arme et notre héroïne s’en sert avec brio. C’est si délicieux de lire Suzine, elle qui nous narre aussi bien ses aventures, aussi difficiles soient-elles. C’est justement cette ambiguïté qui fait l’originalité de ce roman.

J’aime beaucoup ce genre de détails parfaitement décrits. C’est comme la situation amoureuse rocambolesque vécue lors du séjour au ski, basée sur un épisode qui ressemble à : machine est amoureuse de machin qui a été amoureux de machine mais qui l’a laissée tomber au détriment de machine 2 qui est en fait amie avec machine 1. Cela pourrait être catastrophiquement niais mais Claire Castillon a su transformer une situation réaliste -les adolescents peuvent vivre les questions amoureuses de cette manière, je rappelle que je vis avec une adolescente et que je suis entourée d’adolescents une bonne partie de mes journées, une bonne partie de l’année, merci d’avance pour votre sincère compassion- en situation sarcastiquement réussie. Gniark gniark, on adore.

Mais tout évolue dans ce récit, y compris le ton employé par le personnage principal. Il y a le recul, cette fameuse ironie et finalement, le roman se clôt avec une note de tendresse et avec l’acceptation tant attendue. Le temps. Il faut parfois beaucoup de temps pour s’accepter, accepter de ne plus dépendre de personnes toxiques et pour grandir, tout simplement.

« Je me retiens parfois de jouer à la poupée ou de faire parler mes Barbie, planquées dans leur camping-car, en haut de mon placard, en réserve pour si un jour j’avais des enfants… J’essaie de grandir au plus vite, mais au fond, je suis dépassée par la vitesse. Quand je me chut, c’est pour me retrouver, moi et le souvenir de ma collection d’animaux en porcelaine que j’ai planquée dans une boîte à chaussures pour ne garder qu’une décoration épurée semblable à celle que préconisent mes copines pour leur chambre ».

Chers adolescents, prenez le temps. Prenez le temps ! De grandir. D’être vous-mêmes. D’être fiers d’être vous-même. Le chemin est parfois long et fastidieux mais au bout, il y a des rencontres formidables, des yeux « dans lesquels l’amour rebondit, d’autres (…) où il s’installe », des moments décisifs -peut-être un défilé en crampons ?- des soupirs de soulagement, des épaules redressées et un magnifique sourire collé aux lèvres.

Coups de cœur, Documentaires

Introverti.e.s mode d’emploi / Coline Pierré et Loïc Froissart / Rouergue

Bon. Autant vous l’annoncer de suite : cet article va être long. Parce qu’il va traiter avec maints détails de mon ressenti par rapport à ce livre qui fait écho, comme tout ce j’écris ici, à ma petite vie. Comme vous le savez désormais, j’aime quand la lecture s’imbrique avec la vie et vice-versa. Sur le sujet de l’introversion, il y a de quoi dire. J’ai de quoi dire. Si toutefois ce qui vous intéresse n’est que mon avis de lecture -ce que je peux tout à fait comprendre- ne vous embêtez pas trop à descendre votre curseur sur la page car je vous le dis en mille, en million même, ce livre est absolument génial. Indispensable. Il permet de comprendre ce qu’est l’introversion avec justesse, humour, intelligence. Tout est explicité sans jamais être dramatisé. Parce qu’en fait, il n’y a absolument pas de quoi dramatiser. Il y a tout à éclairer.

Ce livre s’adresse à tous. Je n’ai pu transcrire le titre tel qu’il apparaît réellement sur la couverture – c’est pour cela que j’ai inséré des points inclusifs à priori où il faut – mais constatez par vous-même la manière dont il se présente :

Coucou, c’est moi sur la couverture ! Seul élément enjolivé car improbable : la plante totalement verte (et vivante). Ma p’tite communauté toute mignonne sur Insta comprendra !

L’autrice s’adresse à « tous et toutes, quel que soit leur positionnement sur le spectre du genre et du non-genre ». C’est important de le préciser car bien des sujets et des déterminismes, dont l’introversion, sont bien souvent, à tort évidemment, l’apanage des filles. Depuis leur plus tendre enfance. Quand on dit ou on entend : une fille c’est calme, un garçon c’est casse-cou, on est dans un délire parfois inconscient d’attribuer des caractéristiques à un genre. Bien comme il faut. De sorte que cela reste ancré toute la vie, de sorte que cela les définisse, malgré ils, malgré elles. Je dis ça, mais y a des trucs qu’on assimile parfois inconsciemment, de sorte qu’on ne réalise pas sur le moment que l’on dit de grosses conneries. Exemple avec une expression qu’on peut lire dans beaucoup d’avis de lecture : « c’est l’histoire d’une femme forte qui »… Oui, mais en fait, aucune femme n’est faible, hein ? Et bien, cette phrase j’ai dû l’écrire une bonne dizaine de fois durant mon obscur passé de chroniqueuse de l’ombre. Mea Culpa. Et merci Esther pour la prise de conscience. Je m’égare. Encore ?

Bref. Etre introverti, ça peut touche tout le monde. Mais attention, ce n’est pas un défaut.

Pour être totalement sincère, lorsque j’ai vu ces mots-là, écris noir sur blanc, j’ai ressenti un grand soulagement. Et une grande émotion. Bien sûr, maintenant que j’ai 37 ans, que j’ai vécu des expériences et rencontré des personnes qui m’ont accompagnée avec bienveillance dans mon parcours personnel et professionnel, je le sais, que ce n’est pas un défaut. Mais on ne me l’avait jamais dit et je ne l’avais jamais lu. Pourtant, c’est si important. Je sais quelle puissance les mots peuvent avoir. À quel point ils peuvent élever. À quel point ils peuvent rabaisser, aussi. Alors sachez-le et dites-le : Être introverti.e n’est pas un défaut. C’est marrant parce que j’ai en tête une anecdote et elle reflète exactement les propos de Coline Pierré. Je vous expose le contexte : récemment, j’ai aidé certains élèves à faire un devoir en espagnol (je n’ai jamais fait d’espagnol, weil ich deutsch gemarcht habe, mais ce n’est qu’un détail, hein) et ces élèves devaient catégoriser plusieurs mots, soit dans la colonne qualité, soit dans la colonne défaut. Et, entre autres termes, vous le devinez aisément, il fallait classer le mot « timide ». Dans la colonne défaut. J’ai râlé un peu, c’était à peine audible, mais je réalise que j’aurais dû m’insurger. Être timide ou introverti.e n’est pas un défaut. Je crie, là. Vous m’entendez?

Par ailleurs, ce documentaire/guide de survie nous démontre que l’introverti.e n’est pas une personne anormale. Cette personne a des peurs, comme tout le monde, mais elle a aussi le droit à de petits bonheurs, comme tout le monde. Cette personne n’est simplement pas dans cette norme qui rassure le commun des mortels, aussi connu sous le nom de monsieur-tout-le-monde-et-personne-à-la-fois-qui-a-un-avis-sur-absolument-tout.

Chaque introverti lira sa pire terreur sur cette page extraite du guide. Mon top 3, sans aucune hésitation : L’exposé devant toute la classe. Passer un appel téléphonique. Travailler en groupe. On peut facilement transposer ces situations dans le monde du travail. Partout. Heureusement, il existe aussi de grands plaisirs que seul un introverti peut apprécier à sa juste valeur !

Certains passages de ce livre documentaire sont tellement drôles ! Ils sont drôles car ils sont véridiques et la vérité c’est que les introvertis passent pour des gens bizarres, décalés et que, en plus de surprendre, cela fait rire. Le ton est à peine exagéré. Tout est très finement analysé.

Oui, mon téléphone est toujours en silencieux et je ne reçois pas les messages vocaux. Une des stratégies de l’introverti-e que je valide totalement !

Derrière l’humour se dissimulent de véritables interrogations : pourquoi donc user tant d’énergie à éviter toute forme de communication trop invasive ? Et bien, parce que ça nous ramène à nous. À ce que nous sommes profondément. Et les introvertis n’ont généralement pas une jolie vision d’eux-mêmes. J’aime beaucoup la quatrième de couverture. Tout y est dit. « Tu t’es sentie mystérieusement attirée par cet ouvrage en voyant la couverture ? Tu t’es (un peu) retrouvé dans la liste d’adjectifs qui y figure ? Alors peut-être es-tu… un géranium ? Une héroïne de roman ? Un robot ? Une aubergine ? Un somnambule ? Une porte ? Mais non, tu es introverti ! ». Impossible de ne pas comprendre que derrière l’humour, il peut y avoir souffrance. Parfois ce n’est pas le cas, on peut se plaire en tant qu’introverti.e mais le regard des autres peut être pesant. Il n’y a rien à magnifier dans le fait d’être scruté.e bizarrement, d’être en complète opposition avec ce qu’on attend de vous, de se sentir insignifiant.e, quelque fois. Vis-à-vis de L’entourage. De l’école. De la société tout entière. Soyons fous d’employer de si gros mots.

Quelque part dans un lycée
en Alsace
en 2002
ces mots ont été écrits
Cette dernière observation, c’est juste pour vous expliquer ce qu’est un euphémisme. C’est l’expression atténuée d’une notion. Sachez qu’à 37 ans, je pratique encore la nage du chien à une main (l’autre étant occupée à me boucher les orifices nasaux). Mais au moins, en 2002, on ne pouvait pas dire de moi que j’étais trop réservée en natation car j’étais trop occupée à survivre. Ce n’était en rien discret. En effet, je tiens à préciser que la nage du chien à une main est une nage très dynamique.

Réservée. Discrète. Peu dynamique. Peu d’enthousiasme. Je me doutais, en recherchant mon livret scolaire pour ce grand travail d’investigation que vous avez sous les yeux, que je lirais ceci. Mais cela fait mal, en vérité. Parce que je retiens aussi de mes années de lycée, les heures passées à boire les paroles de mon professeur de lettres quand il parlait de poésie ou de Madame Bovary. Ou encore les découvertes du cours d’anglais renforcé (Bob Dylan, Woody Allen et le plaisir de lire des romans en langue étrangère). Je me suis aussi souvenue de quelques fois où je m’étais fait violence pour participer et j’en étais fière. Je pensais que cela se ressentirait sur ma façon d’être. Ma façon d’être perçue. Apparemment pas. Réservée. Discrète. Effacée. Peu dynamique. C’est l’image de moi qui est officiellement inscrite sur un livret scolaire un peu défraîchi. On peut néanmoins passer de mots qui blessent à des mots qui pansent les plaies. Professionnellement, j’ai eu des « vous êtes capables de faire bouger les choses rien qu’en étant vous ». J’ai eu des mots de remerciements, des mots d’encouragements, des mots écrits, des mots parlés. Je les collectionne tous. Sûrement pour qu’ils effacent les autres. Les moches. Les quasi-irréversibles.

Ce livre bouscule toutes les idées reçues. Comme, par exemple, sur les métiers que peuvent exercer les introvertis. Vous savez, ces métiers qui rassurent les parents avant de vous rassurer vous-même.

Les chances de s’en sortir. Créateur de mots croisés. Cerf-voliste. Cactologue. Baron perché. Ou autrice, comme Coline Pierré. Je ris !

Chaque parcours professionnel est différent et propre à chacun. Nous pouvons tous être fiers de ce que nous entreprenons. Oscar aurait adoré que je sois grutière -un métier parfait pour les introverti.e.s- mais, contre toute attente, j’en ai trouvé un encore mieux pour moi : professeure-documentaliste. Impossible de rester planquée derrière un ordinateur en faisant chuuuuut aux élèves, un crayon de papier (à papier, en papier) planté dans mon chignon. Non, hop, on balaie les idées reçues ; je parle aux élèves tout le temps parce que les élèves me parlent tout le temps et vous savez quoi ? J’aime ça ! J’aime communiquer avec eux. Quand j’y pense, j’ai toujours exercé des métiers qui n’étaient, à priori, pas faits pour moi. Quand j’étais étudiante, j’étais hôtesse de caisse. Puis j’ai été libraire jeunesse. Enfin, j’ai repris mes études pour être professeure-documentaliste. Je n’étais pas la plus apte à les exercer, ces métiers. Mais j’ai pensé que je pouvais le faire et j’ai surtout rencontré de belles personnes. Mes collègues du rayon jeunesse de la librairie dans laquelle j’ai conseillé des clients pendant six longues et belles années. Mes précieuses amies et fidèles camarades de promotion, en Master. Ma tutrice professeure-documentaliste. Et, en dehors de mon foyer familial et professionnel, tout autour de moi ont gravité des personnes qui ont donné un sens nouveau à ma vie et qui ont fait que je me suis sentie capable de. Des garçons que j’ai aimés et qui m’ont aimée comme je suis. Des amis d’avant et de maintenant, comme cette magnifique personne qui m’a donné discrètement ce livre au dernier groupe lecture auquel nous avons toutes deux participé.

J’aimerais illustrer ce propos en vous montrant un passage d’un livre documentaire que j’ai lu dernièrement avec mon petit Oscar. Je l’ai lu en parallèle du livre de Coline Pierré et Loïc Froissard. Heureuse, bienheureuse coïncidence.

La timidité, Sophie Dussaussois et Tristan Mory, Milan
Ma Sandra, cette image elle est pour toi. Ok, on n’a pas plongé ensemble dans l’eau chlorée de la piscine municipale de Saint-Louis city (on aurait peut-être dû ceci dit, étant donné mon piètre niveau en natation). Mais on a fait plus que ça. On a fait mieux que ça. Grâce à toi je me suis sentie plus grande et forte. Tu es la première personne qui m’ait fait ressentir ça. Tu es ma Marine à moi (et en même temps si on pouvait oublier l’Autre Marine, là…)

J’aime aussi le guide documentaire de Coline Pierré et Loïc Foissard parce qu’il n’est pas centré que sur l’introverti.e. Il nous invite à réfléchir collectivement sur le fait de vivre ensemble, malgré ou plutôt grâce à nos différences.

Et, sachez-le, il est tout à fait possible d’aimer un introverti.e C’est même une sacrée aventure. Il faut la vivre !

Alors voila. Je remercie Coline Pierré et Loïc Froissart pour ces mots et ces illustrations drôles, tendres, qui énoncent une vérité toute jolie toute belle. Loin de ces clichés qui collent à la peau de tous les introveti.e.s. Loin des peu dynamique-réservée-effacée.

Personne ne devrait jamais se sentir effacé.e. Personne n’est voué.e à disparaître tant qu’il est vivant, hein ? Cela paraît logique. Et pourtant…

Je vous invite à lire ce guide. Non seulement vous passerez un bon moment car il est franchement drôle mais après sa lecture, vous aurez peut-être un oeil nouveau sur le monde qui vous entoure. Et sur ces êtres bizarroïdes mais si intéressants qu’on appelle les introverti.e.S !